Après la longue campagne de travaux achevée en 2010, la 17 «Maison de verre» a recouvré sa transparence, sa légèreté et ses couleurs. L’unique réalisation à Genève de Le Corbusier et Pierre Jeanneret (en collaboration avec Edmond Wanner) a retrouvé sa place dans la cité. Elle reprend tout son sens dans l’historiographie de l’oeuvre de l’architecte. La restauration de l’immeuble Clarté témoigne par son ampleur du nouveau regard qui est porté aujourd’hui par les pouvoirs publics, les experts et les propriétaires sur le patrimoine moderne. C’est particulièrement vrai pour Le Corbusier, pour lequel nous avons eu la chance d’assister au cours de la dernière décennie au sauvetage d’oeuvres délaissées – à l’instar de la reconquête de la Maison Jeanneret-Perret à La Chaux-de- Fonds – qui ont permis une véritable redécouverte de bâtiments souvent ignorés du public et de la critique. Simultanément, d’autres chantiers se sont ouverts, notamment en Allemagne et en France, souvent justifiés par les indispensables campagnes d’entretien de constructions fragiles en raison notamment de leur caractère expérimental. Il faut également se féliciter que tous ces chantiers aient été engagés dans le plus grand respect des oeuvres. Ils ont bénéficié des méthodes qui permettent aujourd’hui d’en comprendre l’histoire et d’en mieux connaître la substance. L’ampleur du travail entrepris lors d’une restauration comme celle de Clarté constitue l’occasion unique de radiographier tous les éléments d’un bâtiment, d’en analyser les matériaux et d’en documenter toutes les strates. Ces études viennent enrichir la documentation originale et apportent leur contribution à la connaissance de la production théorique et esthétique de Le Corbusier. Leur diffusion bénéficie ensuite à l’ensemble du réseau des propriétaires et des maîtres d’oeuvres confrontés aux mêmes questions, dans des contextes différents. La renaissance de Clarté a mobilisé de très importants moyens scientifiques, techniques et financiers, qui contribuent à la préservation de l’oeuvre sur le long terme. Je voudrais remercier ici tous ceux qui, au cours de ces dernières années, se sont battus pour que cette oeuvre ne tombe pas dans l’oubli et qui ont milité pour que sa restauration soit exemplaire. L’Etat de Genève et l’Office fédéral de la culture ont mis toutes leurs compétences à la disposition du projet afin d’en assurer l’accompagnement scientifique. Ils ont soutenu financièrement l’effort de la communauté des copropriétaires, favorisant ainsi la réalisation de travaux particulièrement complexes et onéreux. Je voudrais également saluer la motivation du maître d’oeuvre, Jacques- Louis de Chambrier, et de ses collaborateurs qui ont courageusement choisi de planter leur atelier au coeur du chantier, partageant ainsi le quotidien trépidant des habitants. Ce mouvement de fond dont bénéficient aujourd’hui nombre de bâtiments réalisés par Le Corbusier va permettre de relire et de revisiter dans les prochaines années d’autres oeuvres connues ou moins connues et, pour ceux qui y résident, d’y vivre sans doute différemment. Il nous faut souhaiter, qu’encouragés par ces exemples, de nouveaux chantiers s’ouvriront, consolidant les témoignages matériels et faisant prospérer la compréhension de ce legs. C’est aussi le sens de la démarche entreprise par les sept pays qui se sont engagés dans le dossier de la candidature de l’oeuvre architecturale de Le Corbusier à l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Au-delà de la reconnaissance de l’universalité de cette oeuvre, il s’agit d’obtenir un engagement sur le long terme des Etats, des collectivités et des divers partenaires concernés pour qu’ils préservent ce patrimoine exceptionnel. La renaissance de Clarté contribuera sans aucun doute à les en convaincre.
« Une des parois du hall d’entrée, ‘vert marin’.»
Crédits : Office du patrimoine et des sites, Claudio Merlini photographe, 2011
« Vue de l’appartement de Francis Quétant, dans le ‘wagon’. Photo livrée par Boissonnas le 19 octobre 1932. – légende tirée de ‘La maison de Verre’, in L’Art en Suisse, Genève, n° 45, avril-mai 1933 : G.A. Hufschmid, arc. déc. [architecte-décorateur] Studio de Monsieur Quétant, Meubles métal exécutés par Wanner & Cie. Garniture et tissus : G.u.R Desponds, tapissiers. Murs : papiers peints Le Corbusier (Salubra) bleu pâle et rouge foncé.»
Crédits : © Bibliothèque de Genève / Centre d’iconographie genevoise.
Légende ouvrage La restauration de l’immeuble Clarté : « Calrté, appartement modèle 5 pièces aménagé par Wohnbedarf Zuric, avec une chaise longue basculante de Le Corbusier, Pierre Jeanneret, Charlotte Perriand, juin 1932, tiré de : Friederike Mehlau, Arthur Rüegg, Ruggero Tropeano, Schweizer Typenmöbel 1925-1935. Sigfried Giedon und die Wohnbedarf, gta Verlag Zurich, 1989, p. 45. »
Crédits : Hans-Finsler-Nachlass, Motozburg, Halle (Allemagne).
« Vue de la toiture-terrasse. A droite, Madame Quétant, à gauche, sa sœur. Photo livrée par Boissonnas le 19 octobre 1932.
Crédits : © Bibliothèque de Genève / Centre d’iconographie genevoise.